A Lucette et à moi nous est souvent venue l’envie de voyager.

Et si nous allions en Angleterre ? C’est doux et acide à la fois l’Angleterre. Dieppe-Newhaven, tous les jours un bateau part et revient. Le lendemain nous sommes sur le quai. Il pleut. « C’est envoûtant de mélancolie », me dit Lucette.

Les vagues en colère n’en finissent pas d’éclater et un animateur à l’entrain si triste nous annonce un spectacle international : « Cabaret. » C’est tellement raté que ça en devient extraordinaire. Personne ne regarde, les gens semblent morts.

Quelques heures plus tard, nous regagnons la terre et courons nous réfugier dans un pub. Là, nous baignons dans la fumée et la langue anglaise. Nous infusons comme du thé.

A la nuit tombée, nous rentrons à Dieppe, en silence et toutes poisseuses d’une vision de fin du monde que nous garderons en nous pour toujours, comme une caresse noire et froide.